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CAHIER N° 105  (15 février 2010)

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cahier 105

Le carreau du puits Armand à Prades
De gauche à droite : la salle de la machine, le chevalement, la forge.
En fond, le viaduc du Doulovy à Banne.

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ÉDITORIAL

Mines d'Ardèche, un patrimoine à construire

C'est devenu un lieu commun de dire que la France a longtemps négligé son patrimoine industriel, son histoire industrielle et donc sociale au contraire de pays plus sensibles à cette dimension culturelle, ainsi la Grande-Bretagne.
Un patrimoine qui constitue, s'il est restitué et en quelque sorte « instruit » donc situé dans le témoignage historique, un pan déterminant de l'Histoire de notre pays, plus largement de l'Histoire d'une Europe qui, elle aussi et par bien des aspects, peine parfois à se réapproprier un passé pourtant indispensable à la maîtrise de son devenir.

Ces dernières années ont vu cependant des recherches conduites autant sur certains sites industriels, ainsi dans les régions du nord de la France, que dans les archives des entreprises, ainsi avec l'ouverture des Archives nationales du Monde du Travail à Roubaix. Plus proches de nous, on citera les travaux de Serge Chassagne avec son ouvrage sur Le coton et ses patrons qui cite le Vivarais du XVIIIe siècle ou ceux d'Yves Morel sur l'industrie de la soie en Ardèche, consignés dans des articles que nos adhérents et lecteurs connaissent bien et notamment dans son ouvrage sur Les Maîtres du Fil.

Les efforts de ces pionniers de la recherche en histoire industrielle nous permettent, lentement mais progressivement, de prendre conscience que le patrimoine industriel bâti, ce témoin du passé et cet héritage, mérite d'être aujourd'hui considéré, doit faire l'objet de recherches archéologiques pour une meilleure connaissance du terrain croisée avec celle que nous livrent d'autres disciplines, ainsi l'Architecture ancienne ou l'Histoire économique et sociale, doit être conservé et restauré autant que cela est possible techniquement et financièrement, doit enfin entrer dans une démarche de ré- appropriation générale de notre passé, élément de notre conscience et de notre identification, outil pour l'avenir.

Conscience et identification qui ne peuvent s'appuyer seulement sur le château ou la chapelle, certes éléments d'un puissant témoignage, mais se construire également sur le moulin, là-bas au fond de la vallée, sur la fabrique munie de ses machines "à la Vaucanson", sur la mine qui dresse haut son chevalement ou le viaduc d'évacuation de ses productions passées.

En Ardèche des hommes, des femmes se sont levés pour entrer dans cette démarche de ré-appropriation, dans la prise en considération du témoin et pour la transmission de l'héritage. L'industrie de la soie, pilier de la société ardéchoise du XIXe siècle et du premier XXe siècle, génératrice de savoir-faire utilisés aujourd'hui, est l'exemple que l'on montre à l'Ardéchois ou au visiteur qui revient aux sources pour mieux comprendre le temps présent.

Des initiatives le plus souvent personnelles ou œuvres d'associations de bénévoles qui réunissent des compétences de très haut niveau et qui mettent en jeu des méthodes de travail proprement scientifiques à prendre plus avant en considération dans une politique patrimoniale encore en devenir.

C'est pour contribuer à cette démarche et peut-être pour la rendre plus lisible que Mémoire d'Ardèche et Temps Présent souhaite désormais, dans la ligne des objectifs inscrits dans ses statuts, faire du Paysage, qu'il soit naturel ou résultat des œuvres de l'homme (mais où est la différence ?) et par conséquent du Patrimoine dans toutes ses dimensions, architecturales comme documentaires, l'une de ses préoccupations.

Une tâche que notre association ne peut mener seule mais avec d'autres, ainsi la Société de Sauvegarde des Monuments anciens de l'Ardèche ou la Société géologique de l'Ardèche avec lesquelles nous avons souhaité ouvrir le dossier des mines de l'Ardèche et d'une activité économique à la fois très ancienne et contemporaine qui nous est apparue « oubliée » dans la mémoire collective ardéchoise.
Oubliée ? La salle polyvalente de la mairie de Prades, le 26 septembre 2009, était trop petite pour accueillir tous ceux, toutes celles, qui ont voulu participer au colloque organisé par les trois associations, écouter les six conférenciers de qualité qui se sont succédé et tenter un premier débat sur le devenir de ce patrimoine-là.

Successivement Georges Naud, Marie-Christine Bailly-Maître, Jean-Pierre Joffre, Joseph Rouyre, Sabrina Maurel par ailleurs auteur de l'ouvrage Les Mines de l'Ardèche 1801-1982, Pierre Bonnaud, donnaient différents éclairages sur les mines d'Ardèche : géologie, histoire médiévale, mines de charbon de Prades, mines de plomb argentifère de Largentière, apogée de l'industrie minière, aspects sociaux. Les actes de ces interventions constituent aujourd'hui l'essentiel de ce Cahier que nous avons souhaité enrichir encore en sollicitant les interventions de Christian Tardieu, historien des mines de charbon de Banne, de Jérôme Girard, spécialiste des mines polymétalliques et en publiant des extraits des études conduites en leur temps par Elie Reynier sur les conflits d'intérêt autour des mines de Saint-Priest et par Maurice et Elise Boulle sur la vie quotidienne des mines du Chassezac au début du XXe siècle. Bruno Chaix, par ailleurs, a bien voulu nous confier le compte rendu de visite illustré de la mine de fer de Privas que, jeune scout, il effectua avec sa patrouille en 1947.

Un colloque durant lequel également s'est posée de manière lancinante la question de la sauvegarde des sites miniers majeurs du département, une sauvegarde rendue aléatoire après les décisions ministérielles de "sécuriser"ces sites, certes à bon droit, mais par des moyens radicaux qui entraînent une destruction pure et simple par obstruction et écroulement des galeries voire des bâtiments. Le débat qui devait suivre les exposés de la journée, animé par Joëlle Dupraz de la cellule archéologique du département, avec intervention des conférenciers, des responsables d'associations patrimoniales, de Cyril Dumontet, chef du service Patrimoine et Arts visuels au Conseil général de l'Ardèche, avait le mérite de poser la question d'une politique patrimoniale, d'un Patrimoine à sauvegarder, et parce que le Patrimoine est un héritage à transmettre, disons le, d'un Patrimoine à construire ...

Pierre LADET

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