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CAHIER N° 109  (15 février 2011)

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cahier 109

Carte du département de l'Ardèche à sa création et costume de préfet

Actualité


ÉDITORIAL

L'œil était dans la tombe...

Notre conscience la plus intime exerce à des degrés divers son droit de regard sur le moindre de nos actes ou de nos pensées (encore qu'il puisse exister en chacun de nous une part de déni). Jusqu'à présent, même les plus sophistiqués des moyens de surveillance n'ont pu aller scruter aussi loin.
Lorsque ce Cahier a été programmé, il n'était pas encore question des interrogations soulevées par le débat actuel autour de la LOPPSI 2. Nous réfléchissions alors à l'intérêt d'aborder un sujet en grande partie ignoré dans sa globalité, et que la richesse de certains dépôts d'archives nous permettait de traiter, en particulier les dossiers concernant l'activité des comités de surveillance sous la Révolution ou les rapports des préfets transmis au ministre de l'Intérieur aux XIXe et XXe siècles.
Il a fallu ensuite définir plus précisément l'objet de l'étude: la surveillance exercée par l'autorité publique, en délaissant volontairement d'autres formes développées par la société, comme celle de la famille, celle du groupe social. Mais celle du clergé a pu être prise en compte pour la période où l'Etat absolutiste englobait tout. Et aujourd'hui, alors que le système libéral s'impose, la surveillance devient de plus en plus poreuse à différents niveaux d'échelle. A chaque fois, l'auteur a été invité à repérer les surveillants, leur organisation, leurs moyens, leur fonctionnement, l'objet et le pourquoi de leur regard, l'étendue de leurs champs d'action, tout ceci en Vivarais puis en Ardèche.
Le travail porte sur la longue durée, sans avoir la prétention d'épuiser le sujet. Certains aspects n'ont pas été traités comme par exemple celui de la surveillance des mouvements sociaux au XIXe siècle mais qu'un Cahier consacré à ce thème a déjà abordé, ou encore celui du regard porté sur les communistes ou sur les anti-colonialistes au moment de la guerre froide, mais un Cahier à venir devrait s'y intéresser. ..
Bien que la surveillance remonte à des origines reculées dans le temps (l'Egypte antique avait son vizir qui était alors "l'oeil et l'oreille du pharaon"), notre Cahier s'ouvre sur la période d'Ancien Régime, alors que fonctionnait le Cabinet Noir ou Secret du Roi, en relation, entre autres, avec le réseau des Intendants en Province. Pierre Coulet examine plus particulièrement la surveillance des «Nouveaux Convertis », dans laquelle le clergé catholique joua un rôle considérable.
Après cette expérience de surveillance par le haut, se met en place, au coeur de la période révolutionnaire, une surveillance par en bas, celle des comités de surveillance, aux compétences multiples et aux orientations bien plus diverses qu'on ne l'imagine. Expérience de courte durée suivie par une reprise en main par les autorités centrales notamment avec la mise en place des préfets, pièce centrale de la surveillance au XIXe et pendant une bonne partie du XXe siècle.
Quelques temps forts ont été particulièrement étudiés, temps de crise et de balbutiements comme ceux de la Deuxième République avec la contribution d'Eric Darrieux; temps de plus grande stabilité avec le Second Empire où le regard s'élargit de plus en plus à d'autres champs débordant l'analyse politique pour s'intéresser aussi à la situation économique, sociale ..., terrain abordé par Jean-Claude Saby, avec en complément le regard porté sur la franc-maçonnerie depuis le Second Empire jusqu'au tournant des années 1880. Yvonne Leclère s'intéresse à celui exercé par le commissaire spécial de Viviers sur les milieux catholiques au moment de la séparation des Églises et de l'État...
Avec le premier conflit mondial, c'est à l'inquisition militaire que Francis Barbe consacre une étude documentée, le préfet conservant ses prérogatives mais avec à ses côtés d'autres surveillants en relation directe avec le pouvoir central, ici en l'occurence l'armée (de leur côté les RG avaient été créés depuis 1911).
Deux contributions portent sur la période du second conflit mondial, l'une de Pierre Bonnaud sur « Moyens et limites de la surveillance sous Vichy » en Ardèche et l'autre de Vincent Giraudier sur la surveillance des intternés administratifs de Vals-les-Bains, nous dévoilant la complexité et l'intensité d'un système développé dans le cadre d'un régime totalitaire.
L'interview d'un ancien responsable des RG en Ardèche pendant les années 1970-1980 ainsi que l'examen sommaire des questions de surveillance aujourd'hui nous font mesurer l'étendue et la complexité des mutations en cours, à l'heure de la révolution informationnelle et de la mondialisation libérale...
Devenue omniprésente, mais vécue par le plus grand nombre avec une certaine indifférence souvent parce qu'ignorée ou banalisée, la surveillance actuelle n'est pas sans poser des problèmes d'éthique réels.

Jean-Louis Issartel

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