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CAHIER N° 111  (15 août 2011)

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cahier 111

Gravure du XIXe siècle

Actualité


ÉDITORIAL

Retour aux sources, matière de demain

La première pratique culturelle des Francais aujourd’hui est la visite du patrimoine, cet héritage commun qui nous fait signe des époques disparues. Le patrimoine donne à l’humanité sa mémoire et lui permet de se représenter et d’écrire son histoire. Les enfants sont d’ailleurs friands de récits historiques. Malraux parlait du patrimoine comme « anti-destin ».

La plaine du Lac a recouvert une villa gallo-romaine, la ville de Privas a perdu son château, ses remparts ont été avalés dans les maisons, ses tours ont été abolies, elle a subi une déprise industrielle : plus de tanneries, plus de foulons à drap, plus de moulinages, plus de mines, mais néanmoins des traces témoignent de ce passé devenu l’histoire de Privas. Sans les lecteurs d’archives de pierres que sont les archéologues, sans les décrypteurs d’archives de papier que sont les historiens, que saurions-nous du destin de notre ville et de sa population ? Les chercheurs de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent ont eu la chance de pouvoir s’appuyer sur les écrits d’historiens sérieux qui se sont intéressés à cette ville avant eux et ont légué l’essentiel de leurs travaux aux archives du département : Élie Reynier et Albin Mazon. Bien avant eux un soldat du Vivarais laissa ses Commentaires des guerres de Religion. Citons encore Jean Favre, Jean Régné, Pierre Bozon, les abbés et pasteurs chroniqueurs de leur temps. Et tous les auteurs qui ont alimenté les colonnes de la Revue du Vivarais et des Cahiers de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent sur des sujets concernant déjà notre cité. Reste à vérifier les sources encore et encore, à épurer de toute idéologie les faits relatés. En dépit de toute réalité, il est, même de nos jours, des fanatiques qui veulent tordre le contenu des livres d’histoire pour qu’y soient avantagés leur vision politique d’un évènement ou leur dogme religieux. Les auteurs de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent sont en ce sens les garde-fous vigilants d’une vérité historique sans cesse à authentifier. Ces savants défrichent patiemment le champ déjà conséquent et sans cesse enrichi - malgré les autodafés des hommes révoltés et les ravages de l’ignorance - des archives municipales ou départementales et des bibliothèques.

Privas, bourg castral médiéval, niché sous le donjon des Poitiers Valentinois, avait dressé une enceinte et des tours contre les seigneuries voisines et contre les bandits de grands chemins, ces mêmes remparts ne pouvaient protéger la petite capitale huguenote d’une armée royale. Le siège de Privas en 1629, au temps des guerres de Religion, a fait entrer la ville dans l’histoire nationale. Le féodalisme est affaibli, le pouvoir royal se centralise et compose une nation. Elle sera désormais une ville avant tout française et connaîtra les guerres fratricides ou les guerres contre les pays voisins. Mais si son destin fut de déplaire à Louis XIII et à Richelieu, elle se réconcilia avec le pouvoir central dès la mise en place du nouveau régime : Privas fut choisie comme chef-lieu du département en 1790, et se dota de beaux bâtiments pour accueillir les administrations de la République. Devenue la ville de « fonctionnaires » que nous connaissons, elle a accueilli une population venue de tous horizons et qui aspire à partager avec les Privadois de souche un peu d’identité commune. « L’homme », écrit Deleuze, « étant un animal dé-territorialisé, c’est une nécessité pour lui de retrouver les traces des messages anciens pour se construire ». Un livre d’histoire s’était ouvert dans la rue en 2010 où l’on inaugura le parcours historique, les deux Cahiers que Mémoire d’Ardèche et Temps Présent nous fait l’honneur de publier sur Privas vont éclairer des questions restées sans réponse mais aussi apporteront des surprises, des scoops comme disent les journalistes.

Deux mouvements orientent la pensée temporelle des humains : la quête de la cité perdue – Mémoire d’Ardèche – mais aussi celle de la marche vers la terre promise – et Temps présent – Un deuxième Cahier nous amènera vers une réflexion et un état des lieux de notre cité au présent et déjà dans le futur. La municipalité a tenté de panser les blessures du pont des Chauchières et de la chapelle des Récollets, mais Privas se doit d’honorer aussi les 40 ans de son Théâtre et les 20 ans de sa Médiathèque, ces deux édifices culturels qui font le patrimoine de l’avenir et « l’avenir dure longtemps » selon la belle formule du philosophe Althusser.

Pour ma part, je remercie le conseil d’administration de la revue Mémoire d’Ardèche et Temps présent de m’avoir accueillie dans l’équipe de recherche et de rédaction de ce Cahier de Privas que nous attendions tous.

Dominique BUIS
Maire-adjointe déléguée à la culture

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