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CAHIER N° 75   (15 août 2002)

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cahier 75

La Voulte-sur-Rhône

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RÉSUMÉS DES ARTICLES

Les frères Seguin et les origines de la navigation rhodanienne (1826-1828)

Les frères Seguin sont bien connus pour leurs ponts suspendus par câbles de fil de fer et par la création du chemin de fer de Lyon à Saint-Étienne, à l’aube de la Révolution industrielle en France. Le pont de Tournon - Tain, sur le Rhône, précède immédiatement leur tentative de navigation, l’entreprise ferroviaire la suit de près et pour une bonne part la chevauche. Il y a bien entendu des relations entre ces différentes activités, même si leur rapprochement dans le temps et les différentes technologies en jeu ont de quoi étonner le lecteur d’aujourd’hui.
Le très prometteur pont de Tournon n’est pas encore inauguré, à la mi-août 1825, que la Compagnie de navigation par le halage à la vapeur a déjà ses statuts et l'essentiel de ses actionnaires. À peine trois ans plus tard, au printemps 1828, puis une seconde fois au début de l’été, les frères effectuent la remontée du Rhône au moyen de leur bateau Remorqueur qui, à chaque fois, tire derrière lui trois bateaux chargés d’Arles jusqu’à Lyon.
La performance n’est pas mince, puisque c’est la première fois qu’une telle navigation par la force motrice de la vapeur est entreprise sur le fleuve, l’un des plus difficiles d’Europe occidentale. Et pourtant elle passe inaperçue, y compris des historiens rhodaniens les plus scrupuleux qui se réfèrent généralement au voyage inaugural d’Edward Church, un ingénieur et un armateur installé depuis quelques années à Lyon et Genève. Le Pionnier de l’Américain triomphe du fleuve un an plus tard, tout aussi laborieusement que les Seguin d’ailleurs. Une telle ignorance est due pour une bonne part à l’attitude des frères eux-mêmes. Ils viennent en effet de décider la liquidation de l’entreprise jugée beaucoup moins prometteuse que le chemin de fer auquel ils choisissent de consacrer tous leurs efforts… Du coup la performance des bateaux est passée sous silence !
Comment en est-on arrivé là ? Quels sont l’actif et le passif d’une telle aventure rhodanienne, souvent perçue comme un échec des frères ?

Michel COTTE

Le pont en fils de fer de Tournon

Dans le premier quart du XIXe siècle, le commerce et l’industrie du nord de l’Ardèche souffrent de la difficulté des relations entre les deux rives du Rhône : ponts de pierre et bacs sont rares. Ce sujet est évoqué dans les années 1820 au cours d’un dîner chez le docteur Duret d’Annonay auquel assistent, entre autres, Bruno de Plagniol, ingénieur des Ponts et Chaussées, et Marc Seguin. Selon la tradition, monsieur de Plagniol aurait dit à Seguin : « Vous qui avez le génie de l’invention, vous devriez chercher un moyen de remplacer les ponts en pierre par un autre système aussi solide et moins coûteux ». En fait, Seguin a lu un article du Moniteur du 8 décembre 1821 faisant une recension du livre de J. Cordier Histoire de la navigation intérieure dans lequel l’auteur évoque de nombreux ponts suspendus en Amérique, notamment à chaînes, parfois en fil de fer.

Marie-Hélène REYNAUD

La sidérurgie ardéchoise dans la vallée du Rhône aux XIXe et XXe siècles

L’Ardèche a connu deux périodes sidérurgiques majeures. La première au cours de la Protohistoire avec les Ages du fer entre 700 et 50 a.v. J.C. et la seconde au moment de la “Révolution industrielle” au XIXe siècle. C’est de cette dernière dont il est question dans cette note.

  De Gensanne, de l’Académie de Montpellier, réalise une étude sur l’histoire naturelle de la province du Languedoc qu’il publie en 1776. Il signale notamment à La Voulte, “d’excellentes mines de fer qui consistent en gros filons de mine hématite ; il est fâcheux que le défaut de bois n’en permette pas l’exploitation”. Ce n’est donc pas un hasard si les premières velléités sidérurgiques apparaissent à La Voulte dès 1797. Toutefois, la production sidérurgique ardéchoise ne verra vraiment le jour qu’avec la construction et la mise à feu, en 1828, des premiers hauts fourneaux voultains. Sur la rive ardéchoise du Rhône elle ne prendra de l’ampleur qu’à partir de la mise en exploitation des mines du bassin de Privas, en 1843. Elle occupera trois sites, Le Pouzin, La Voulte et Soyons, sur des périodes plus ou moins longues, pilotée en grande partie par industriels et banquiers des régions stéphanoise, lyonnaise voire parisienne.

Georges NAUD

1937. Mise en état et amélioration de la voie navigable du Rhône entre Lyon et Arles

En mars 1937, la revue Technica édite un numéro spécial sur Les grands travaux dans la région lyonnaise et la vallée du Rhône. Ce numéro centré sur la capitale régionale accueille cependant dans ses colonnes l’article de M. G. Thévenin, diplômé de l’École Centrale de Lyon, promotion 1905, sur les travaux à entreprendre dans le but d’une amélioration des conditions de navigation sur le fleuve. Une analyse et un point de vue qui participent aujourd’hui à l’histoire du Rhône et que nous reproduisons ici in extenso accompagnés des illustrations originales.

La Compagnie Nationale du Rhône en Ardèche et ses environs

Il est difficile de limiter un aperçu sur la Compagnie Nationale du Rhône (C.N.R.), même succinct, au département de l’Ardèche. mais il est impossible de passer sous silence le rôle, même modeste, qu’a eu la C.N.R. sur le développement de la rive droite du fleuve.
La navigation sur le Rhône existe depuis la plus haute Antiquité. Elle y était néanmoins difficile, contrariée par la forte pente et l’importance du courant : l’aménagement du fleuve était indispensable pour que ce moyen de transport prenne une réelle importance économique. En 1899, au cours d’une réunion à la chambre de commerce de Lyon, les délégués régionaux constatent que la batellerie souffre beaucoup de la concurrence du chemin de fer. Parallèlement, les chambres d’agriculture encouragent de plus en plus l’utilisation de l’eau du fleuve pour l’irrigation. Enfin, en ces années du début du XXe siècle, la production d’électricité par la houille blanche est passée du stade expérimental des petites installations à des projets beaucoup plus importants. Ces trois facteurs se conjuguent pour inciter à un aménagement du Rhône, mais se concurrencent pour l’utilisation de capitaux car, dès ses premiers balbutiements, ce projet se révèle devoir être une opération très coûteuse en capitaux à investir dans une période de dépression, En effet, si les réalisations énergétiques et d’irrigation pouvaient se faire isolément et localement, l’aménagement de la navigation devait couvrir l’ensemble de Lyon jusqu’à la Méditerranée pour être efficace.

Michel APPOURCHAUX

Un nouveau pont sur le Rhône à Valence

Consacrer un Cahier au fleuve roi ne peut s’envisager sans évoquer les ouvrages d’art qui permettent son franchissement. Les divers bacs à traille qui ont permis aux Ardéchois d’aller en “Dauphinois” ont tous disparu, ils ont laissé çà et là des noms de lieux, de chemins ou de rues.
Le pont Frédéric Mistral actuel , malgré ses quatre voies, ne peut à lui seul résorber un trafic de plus en plus important. Le nouveau pont, en projet depuis vingt ans, est entré en phase de réalisation au sud de la ville en novembre 2001.

Jean-Yves BOIS

Vallée du Rhône : les aléas du développement - L’exemple de l’Association pour le Développement de la vallée du Rhône (ADEVAR)

Depuis son glacier d’origine jusqu’à la Méditerranée, le Rhône traverse des régions fort différentes. On peut néanmoins distinguer sur son cours français trois grandes zones : du Léman à l’embouchure de la Saône, du sud de Lyon jusqu’aux approches du delta, qui se développe peu après Avignon, et enfin le grand delta, qui irrigue, au-delà même des Bouches-du-Rhône, toute la région qui va de Marseille à Montpellier. Le haut Rhône a reçu (ou subi) de grands équipements dont Génissiat fut le symbole, mais son cours, dans les régions de plaine ou de montagne, n’a pas été fortement perturbé. Le bas Rhône, à travers la Camargue et divers canaux, dont le Canal du Midi est le plus connu, a été l’objet d’un travail considérable qui a fait largement connaître le nom de Philippe Lamour, le PDG de la Compagnie du Bas-Rhône-Languedoc. Entre ces deux tronçons, de Lyon jusqu’en Arles, le Rhône dit “moyen” s’est identifié à un couloir, un corridor qui servait de séparation commode jadis entre le Royaume et l’Empire, plus récemment entre des départements qui portent le nom d’affluents importants, la Drôme et l’Ardèche.

Le couloir rhodanien est devenu un axe de circulation essentiel, tandis que le fleuve contribuait à fournir l’énergie électrique au pays tout entier, sous forme hydraulique d’abord, sous forme nucléaire ensuite. La vallée du Rhône prenait ainsi une importance considérable pour tous ceux qui avaient besoin d’énergie ou de transport, bien au-delà de la Région Rhône-Alpes, de l’Europe du Nord jusqu’à celle du Sud. Qu’en était-il pour ses habitants ? Ils pouvaient se réfugier dans le souvenir : celui de Mistral ou des bateliers ; ils pouvaient tenter de se protéger des crues, d’en bénéficier parfois (par les alluvions déposés), plus souvent d’en subir les effets dévastateurs (comme encore récemment en 1993-1994). Ils constataient leur dépendance, loin des centres de décision, et ne pouvaient guère peser sur un développement qui se servait d’eux plus qu’il ne les servait. Comme les lignes TGV, comme 1’autoroute, le canal Rhin-Rhône ne les concernait guère, porté qu’il était par les intérêts du Nord-Est ou de l’extrême Sud de la France.

Robert CHAPUIS

Du Léman à la Mer, ou la voie d’eau à vélo…

Dans peu de temps, les amoureux de la nature et du vélo pourront partir du Léman et voir quelques jours plus tard le soleil se lever sur la mer aux confins de la Camargue ou des étangs héraultais. Pour autant, l’itinéraire complet ne serait rien sans la magie du parcours. En vélo comme au cinéma… pour découvrir les multiples richesses patrimoniales qui bordent les voies d’eau. C’est cette alchimie qui est recherchée.
   Fin 1997, l’Établissement Public Territorial de Bassin Territoire Rhône signait avec la Compagnie Nationale du Rhône et Voies Navigables de France une convention les liant pour la réalisation d’un parcours de randonnée cyclable le long du Rhône, entre la Suisse et la Méditerranée. L’EPTB Territoire Rhône, maître d’ouvrage des études a, pendant trois ans, fait appel à divers spécialistes, aux techniciens des Conseils généraux, des Comités départementaux du Tourisme pour que la véloroute du Léman à la mer deviennent plus qu’un projet.

Stéphane MANSON et alii

Les rapports entre la vallée du Rhône et l’intérieur dans le département de l’Ardèche depuis 1850

La disposition dominante des vallées ardéchoises profondément incisées dans le talus oriental du Massif-Central a séculairement privilégié, dans l’ancien Vivarais comme dans le département de l’Ardèche, les relations transversales Ouest-Est ou Nord-Ouest-Sud-Est ; d’autant plus qu’elles s’inscrivaient sur de plus vastes courants d’échange entre le cœur du Massif-Central, voire des contrées plus lointaines d’Europe du Nord-Ouest d’une part, la vallée du Rhône, voire les pays méditerranéens d’autre part. Faut-il rappeler le trafic séculaire des muletiers, les migrations alternantes des transhumants et des saisonniers, le système de relations marchandes lié à l’élevage du ver à soie tout comme à celui du moulinage ?

Henri GUIBOURDENCHE

La vallée du Rhône, terre d’avenir pour l’Ardèche ?

Je suis un enfant du Rhône. Né à Bourg-Saint-Andéol, mes grands-parents me racontaient la batellerie à vapeur, la navigation dangereuse, tant en période de crue qu’à l’étiage, et ces temps anciens qui ont fait du “Bourg” une puissance économique locale. Le patrimoine bourguésan, riche et diversifié, nous rappelle encore la présence d’une bourgeoisie bien installée qui a su tirer sa fortune du fleuve.

Au carrefour de quatre départements, la région n’a pas tardé à voir son développement économique s’accélérer, souvent sans grande cohérence, et globalement au profit de la rive gauche, moins contrainte par son relief, et peut-être aussi moins attachée à son agriculture. La seconde moitié du XXe siècle a donc été marquée par la mobilité avec des jeunes de plus en plus enclins à franchir le Rhône pour aller travailler de l’autre côté et s’y installer parfois. L’attractivité atteindra son paroxysme avec le développement de la C.N.R., du nucléaire et de ses activités rattachées.

Pascal TERRASSE