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CAHIER N° 88  (15 novembre 2005)

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cahier 88

Première partie : des origines à 1905

Les lois laïques et la laïcisation

Deuxième partie : La Séparation, son application


ÉDITORIAL

Une loi de liberté

« C'est une loi de spoliation ! » s'écria De Gailhard Bancel, député de l'Ardèche, le 3 juillet 1905, alors que la Chambre s'apprêtait à voter en première lecture la loi dite de Séparation des Églises et de l'État. Il interrompait ainsi Aristide Briand, rapporteur, qui concluait : « Oui, nous avons le droit de le proclamer, c'est bien une loi de liberté... qui fera honneur à la République... ». Le même jour, l'abbé Gayraud, député du Finistère, qui souvent intervint pour le maintien du Concordat, déclarait parlant de l'Église catholique : « Elle n 'a pas besoin de l'État ; elle n 'a besoin que de liberté ».

Faut-il voir dans cette convergence entre le véritable porteur du projet, Aristide Briand, et l'un de ses plus farouches adversaires, l'abbé Gayraud, et à l'heure où chacun dans l'hémicycle prenait la mesure de l'événement, faut-il voir là la première manifestation de l'idée, aujourd'hui largement partagée, que la loi de 1905 est une loi de liberté ?

Cette représentation d'une séparation des Églises, particulièrement de l'Église catholique, et de l'État, c'est-à-dire d'une distinction entre le citoyen d'une république et l'homme à la recherche d'une spiritualité, n'allait pourtant pas de soi si l'on veut bien la mettre en perspective dans une Histoire qui toujours avait mêlé étroitement le pouvoir du prince et le pouvoir du prélat. Et cela parce que seules, pendant des siècles, la religion et l'Église avaient été à même de réunir la nation, d'organiser la société.

Ce Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent illustre à travers l'histoire de notre département, ancien Vivarais, cette confusion des rôles et la difficile émergence de l'idée que la liberté de la République vis-à-vis des Églises et d'une quelconque tutelle rejoignait la liberté de ces Églises vis-à-vis de l'État et de toute tentative d'instrumentalisation.

C'est pour cela que nous avons choisi de considérer la question de la séparation des Églises et de l'État dans la durée, dans le « temps long », n'hésitant pas à rappeler les relations cçmplexes qui, au fil des siècles, parfois au travers de tensions, unirent un roi qui tenait ses pouvoirs de Dieu et une Église-institution qu'il se devait de protéger, une protection incompatible avec la reconnaissance d'une spiritualité différente et de son expression, d'une liberté de conscience.

Comme ailleurs en France, et dans nos villages plus encore peut-être, les années qui précédèrent et suivirent la loi de Séparation furent un temps de conflits particulièrement au sein de l'École, autour de la question des congrégations, puis lors des inventaires - les exemples abondent en terre d'Ardèche - avant que, accords Briand-Cerretti et autres révisions aidant, la loi de 1905 soit reconnue par le plus grand nombre, avant que le plus grand nombre se l'approprie, l'intériorise.

Mais rien n'est jamais totalement acquis. La République a besoin, en Ardèche aussi, de promouvoir ses valeurs fondées sur les Droits de l'Homme et du Citoyen, de l'homme et du citoyen... D'assurer par conséquent, au sens de la loi de 1905 dans son article premier, la liberté de conscience de chacun et donc de donner les moyens de cette liberté ce qui en soi constitue un débat. De reconnaître la diversité des opinions, des religions et des systèmes de pensée, et de favoriser l'échange loin de tout communautarisme, autre débat. De garantir, et particulièrement dans nos écoles, le libre accès à une connaissance issue de la raison, qui ne laisse pas de place au relativisme, une connaissance insuffisante sans doute à l'Homme mais nécessaire à chacun.

Pierre LADET

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