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CAHIER N° 92   (15 novembre 2006)

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cahier 92

Dessin d'Annie Charrel

Éditorial, Marie-Jo Volle

 

L'enfant un « petit homme »
L'éveil à une sociabilité
L'enfant : une personne en soi, accueillie, protégée

Actualité - Vie culturelle

Et encore, en libre accès sur ce site...


ÉDITORIAL

L'enfance aussi a une histoire

  Du "petit homme" à l'« enfant-roi », le sentiment de l'enfance a une longue histoire en Ardèche comme ailleurs en France et dans le monde occidental. Jusqu'au XIXe siècle, on ignore la spécificité de l'enfant, socialement et psychologiquement considéré comme un adulte en réduction. Sa place reste marginale au sein de la famille d'autant plus que le taux de mortalité élevé pèse sur les relations affectives. L'attitude globale vis-à-vis du jeune enfant peut se caractériser en deux mots : indifférence et fatalisme. Il n'est véritablement pris en compte qu'à partir du moment où il a démontré son aptitude à survivre, grâce à une forte résistance physique et beaucoup de chance, car le monde des adultes ne l'aide guère à franchir le cap difficile et crucial des premières années. Il représente alors l'espérance de la continuité de la lignée plutôt que l'épanouissement d'une personnalité propre.

Les proverbes ardéchois commentés ici par Georges Massot laissent apparaître de la part de la société traditionnelle une perception teintée de mépris, en particulier pour les petites filles, mais il n'est jamais fait référence aux sentiments. On s'investit peu dans un être si menacé d'autant plus que les difficultés de la vie quotidienne ne permettent guère de s'épanouir ni de consacrer beaucoup de temps aux tout-petits. Les auteurs des études sur la mortalité infantile soulignent dans ce Cahier l'importance de l'hécatombe qui touche encore plus durement les enfants abandonnés, placés en nourrice en Ardèche. S'il survit, l'enfant est très tôt jeté dans la société des adultes, voué au travail dès le plus jeune âge, comme il l'est aujourd'hui dans les sociétés les plus pauvres du Tiers-Monde. Aux champs, à l'usine, à la boutique, l'enfant travaille. Jean-Pierre Mur étudie l'évolution de l'enfance laborieuse de l'Ancien Régime à la fin du XIXe siècle et répertorie jusqu'à huit mille enfants employés dans l'industrie ardéchoise pour certaines années. Cette petite main-d'œuvre est constituée de jeunes Ardéchois mais aussi d'un grand nombre d'enfants venus d'ailleurs, placés dans les orphelinats jouxtant les usines. C'est ainsi que Michel Ponserre retrouve sa grand-mère sur une vieille photo représentant les ouvrières de l'orphelinat de Champ-la-Liourre à Chomérac. Son texte est émouvant.

"Laissez mûrir l'enfance dans l'enfant" écrivait Jean-Jacques Rousseau. L'œuvre des philosophes du XVIIIe siècle fait peu à peu découvrir la spécificité du jeune âge et le souci particulier qu'il mérite. À la fin du XIXe siècle cette nouvelle conception de l'enfant tend à s'imposer. Les lois de la IIIe République amé­ liorent considérablement son sort en particulier la scolarité obligatoire qui soustrait les enfants à l'usine. Avec l'éducation scolaire, c'est aussi le temps des jeux. Elise Boulle nous fait revivre avec un plaisir mêlé de nostalgie les moments de la récréation et des jeux pratiqués par des générations de jeunes Ardéchois. Ce sont aussi les années heureuses des colonies de vacances dans un but éducatif et récréatif visant aussi la bonne santé des enfants avec d'abord "L'Œuvre des Enfants à la Montagne" créée par le pasteur Louis Comte. Elle sera suivie de près par la création des colonies de vacances des œuvres laïques dont Gilbert Auzias retrace la grande aventure. Heureux souvenirs aussi le temps des colonies de vacances de l'U.F.C.V. évoqué par le père Jean Ribon. Au début du XXe siècle, le scoutisme connaît un franc succès, rassemblant des jeunes autour de valeurs laïques et religieuses. Michel Rigaud et Renée Champanhet développent l'histoire et l'actualité de ce mouvement.

Reconnu comme une personne en construction, l'enfant devient l'objet d'une plus grande considération : surveillance médicale de la petite enfance avec la mise en place de la Consultation des nourrissons, prise en charge spirituelle dans divers mouvements comme les Cœurs Vaillants ou les patronages... et surtout accueil et protection. L'orphelinat de la Providence à Aubenas reçoit des petites filles qu'il soustrait à la misère en leur offrant un cadre de vie et une éducation. Soulignons particulièrement un temps fort de l'histoire ardéchoise, celui de l'accueil des enfants juifs pendant la dernière guerre, notamment dans les Boutières. Les témoignages recueillis par Odette Autrand débordent d'émotion et de reconnaissance.

Aujourd'hui les actions de l'État, des collectivités locales, des associations offrent une prise en charge plus élargie. Jean-Louis Issartel décrit ce phénomène à travers l'exemple de la commune de Saint-Marcel-d'Ardèche et de ses environs où fonctionnent centre de loisirs, halte-garderie, soutien scolaire à la lumière d'un projet éducatif.

"Enfances en Ardèche", tel est le titre retenu pour ce Cahier, tant les visages de l'enfance en Ardèche furent divers. De nos jours, on parle de 1' "enfant-roi". Certes, l'enfant désiré, choyé, porteur des espérances de ses parents existe, mais la maltraitance n'appartient pas au passé ; le comportement de certains adultes face aux sévices infligés à des enfants nous interroge en ce début du XXIe siècle. Marie-Hélène Reynaud aborde la question de la Justice et des mineurs. D'autre part, des jeunes restent en marge de toute activité encadrée, l'échec scolaire, même combattu, reste encore une réalité et la petite délinquance existe ici et là...

Marie-Jo VOLLE

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