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RÉSUMÉS DES ARTICLES DU CAHIER 101

- Le rapatriement des corps des soldats morts pour la France - Deuil et devoir de mémoire des familles - L’hommage au soldat disparu :  Albert Authouard

Si on peut dire que les soldats, “les poilus”, ont vécu au premier degré l’horreur de cette guerre, on peut dire aussi que les familles, en deuil de leurs disparus, avec leurs blessés, leurs gazés, leurs “atteints psychologiquement”, ont continué à porter le poids des souvenirs sombres du conflit, en présence de la triste réalité des blessures, des infirmités et des chagrins, bien longtemps après l’armistice.
    Rappeler tout cela, qui dépasse les comptes rendus militaires ou autres journaux de marches et opérations, est faire acte de mémoire et s’intéresser au côté humain, au sentiment, à l’amour filial et conjugal ; 14 000 soldats ardéchois ne sont pas revenus, parmi eux, des fils, des maris, des pères.
    Les conditions d’inhumation des corps des Français tombés au combat ont évolué au cours des cinq années de la guerre, avec une prise en considération du combattant “mort pour la France” et du deuil variable selon les lieux, les temps, les années, depuis l’inhumation de masse en tombe collective, les crémations des corps des soldats ennemis, les cimetières militaires et les rapatriements après la guerre selon des processus difficiles pour les familles endeuillées.

Francis Barbe

- Les morts de la Grande Guerre : le deuil impossible ?

Un exemple parmi d’autres, la commune de Pranles en Ardèche, 913 habitants avant guerre et 48 morts…
    Soucieuse de marquer le 90e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918, l’association “Paysages et Patrimoines de l’Auzène au Mézayon” a construit une exposition intitulée “Pranles, dans la tourmente de la Grande Guerre” avec un temps de lectures publiques à partir de journaux et lettres de poilus et d’extraits d’œuvres littéraires. Une grande partie de cette exposition fut consacrée aux 48 poilus de Pranles “morts pour la France”, aux circonstances de leur décès, à leurs sépultures connues, aux commémorations, aux monuments aux morts et aux conséquences de leur disparition pour les familles.

Jean-Claude Vidal

- “Suspects, douteux, indésirables…” - Le camp d’internement de Viviers (1914-1919)

La Grande Guerre a d’abord fait son entrée dans la mémoire nationale par les tranchées et les “poilus”, par Verdun : les monuments aux morts en portent le témoignage. Après la guerre, le souvenir s’est aussi porté, très vite, sur les “fusillés pour l’exemple”. Mais ce conflit mondial et total n’est pas connu pour les évacuations forcées et les internements de civils.
    L’Ardèche n’a pas échappé à cette histoire, notamment au travers d’un camp installé dans le grand séminaire de Viviers. Ayant le statut de “camp de concentration”, sous tutelle du ministère de l’Intérieur, ce lieu a accueilli successivement deux catégories d’internés : l’une composée d’Alsaciens-Lorrains considérés comme “douteux” par les autorités (1914-1918) ; l’autre, d’ “Austro-Allemands” qui ne seront rapatriés ou expulsés qu’après la signature du traité de Versailles (1918-1919).
   Les camps méconnus de la Première Guerre mondiale préfigurent, par certains aspects, d’autres périodes du XXe siècle où l’Etat a pratiqué l’internement de masse : la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie.

Hervé Mauran

- “Les damnés de la guerre” - Un détachement de travailleurs russes en Ardèche (1918-1919)

L’Ardèche a accueilli, à la fin de la guerre, un groupe de soldats russes placés dans des chantiers du secteur de Valgorge et de Joyeuse.
     Avant d’être affectés à des travaux forestiers, ils ont fait partie des contingents envoyés par le tsar pour combattre sur le front occidental. Mais, en 1917, la plupart de ces soldats ont refusé de poursuivre le combat. Un combat qui, après la révolution d’Octobre et le traité de Brest-Litovsk, n’est plus celui de leur gouvernement. L’armée française a mis en place de multiples dispositifs pour briser leur résistance et les obliger à reprendre les armes. La dispersion dans des compagnies de travailleurs est un élément d’une politique de surveillance, en même temps qu’elle obéit à une logique de mobilisation de la force de travail disponible.
    Au travers d’archives issues de fonds nationaux, notamment de l’armée de terre et de la marine, l’article situe le contexte de cette présence russe qui se prolonge plusieurs mois après la fin de la guerre : notamment, le soutien aux armées blanches et une logique de prise en otages.

Hervé Mauran

-  Alexis Tendil, l’histoire méconnue d’un des pionniers de la guerre électronique

Alexis Tendil, né au Pouzin en 1896, a été incorporé en 1917 et formé comme “sapeur manipulant radiographiste” au 8e Régiment du Génie. Cette formation comptait plus de 200 “compagnies télégraphistes”, un millier d’officiers et 56 000 gradés et sapeurs téléphonistes et radiographistes. Alexis Tendil a été affecté à la section des écoutes de la 10e Armée du général Mangin au printemps 1918. Le 2 ou le 3 octobre 1918, quarante jours avant l’Armistice, il intercepte un message radio par lequel le nouveau chancelier allemand Max de Bade informe le pape Benoît XV de son intention de demander au président Wilson un armistice, ce qu’il fera le 6 octobre par le canal de la Suisse, sans en informer les Alliés. Cette interception vaudra à Alexis Tendil les félicitations personnelles du général Mangin. Tendil se taira jusqu’en 2000. L’Armée française le reconnaîtra en 2002 comme Doyen des Transmissions et Pionnier de la Guerre électronique. Il s’est éteint aux Vans le 5 octobre 2005 à l’âge de 109 ans.

Général Jean-Pierre Faure

- Sociétés : les tensions de l’après-guerre en Ardèche

Les grèves du printemps 1920 se placent au sommet d’une vague de révolte sociale qui prend naissance dans le cours du premier conflit mondial à partir de 1917. De manière inextricable se mêlent revendications ouvrières liées à l’aggravation des conditions de vie, pacifisme et rejet de l’ “Union sacrée” (dans laquelle se sont compromis les dirigeants du mouvement ouvrier), espérance révolutionnaire née de la révolution russe.
    En Ardèche, les ouvrières du textile et les travailleurs coloniaux sont les premiers à entrer en mouvement. En 1920, les cheminots se retrouvent au cœur du combat social. Celui-ci est particulièrement vif dans les centres ferroviaires du Teil et de La Voulte. Autour de leur lutte s’agrègent d’autres catégories ouvrières, notamment métallurgistes et mineurs. Une forte personnalité émerge du mouvement : celle de Pierre Semard.
    La répression s’abat et le mouvement échoue devant la résistance organisée de l’État et du patronat. Après être monté en puissance, le mouvement ouvrier se divise sur le plan syndical (CGT et CGTU) et politique. De la “vielle maison” SFIO naît le Parti communiste affilié à la IIIe Internationale. Cependant, le mouvement social de 1920 annonce l’une des spécificités de l’histoire sociale de la France : celle d’embrasements articulés sur de puissants mouvements de grève, porteurs des espoirs des milieux populaires.

Pierre Bonnaud

- L’après-guerre politique en Ardèche - Les élections de 1919

La guerre a-t-elle modifié les équilibres politiques entre les forces en présence ? On sait qu’au niveau national, la droite a largement gagné les élections et que la chambre des députés sera appelée “la chambre bleu horizon” en raison du nombre d’anciens combattants élus et de sa couleur politique.
    En Ardèche, si l’on s’en tient au nombre de députés élus, la gauche républicaine a perdu : quatre députés élus pour la droite et un seul pour la liste de concentration républicaine. Pourtant, les deux listes de gauche radicale de concentration républicaine et socialiste recueillent la majorité des voix (un peu plus de 52% des suffrages exprimés), mais le mode de scrutin, en accordant une très forte prime à la liste arrivée en tête conduit à ce fort basculement à droite des élus.
    La guerre a ici très peu modifié les équilibres politiques du département : les pays à forte tradition catholique restent sous l’emprise des notables d’avant-guerre tandis que la vallée du Rhône, les pays protestants, le sud du département conservent leur attachement à la république symbolisée par les radicaux. Seule nouveauté, la percée du parti socialiste dans les zones déjà ancrées à gauche.

Didier Picheral

Le mouvement des Anciens Combattants dans l’entre-deux-guerres

Dès leur retour à la vie civile, pour défendre leurs droits, pour commémorer le souvenir de leurs camarades disparus, et pour promouvoir la paix, mutilés et démobilisés créent une multitude d’associations, souvent de façon spontanée. L’Ardèche n’est de ce point de vue pas en reste par rapport au plan national. Le mouvement tente de se fédérer pour être plus efficace. Il parvient à accomplir un rôle social considérable. Mais la diversité des options génère de profondes divisions.
    Au début des années 1930, l’Union Fédérale (UF) et l’Union Nationale des Combattants (UNC) dominent sur le plan départemental, sans être pour autant hégémoniques. Influencé à ses débuts par le courant révolutionnaire qui ne se réduit pas à l’Association Républicaine des Anciens Combattants, le mouvement adopte majoritairement une ligne marquée par l’apolitisme. Sa quête vers l’unité, dans le contexte de crise des années 1930, l’origine sociale de ses dirigeants, en majorité issus des classes moyennes, le rendent perméable aux idées populistes de la droite nationale. La tenue à Privas en juin 1939, d’un rassemblement commun présidé par les dirigeants nationaux de l’UF et de l’UNC, avec la participation de Xavier Vallat, se fait sur un programme d’action qui annonce les thèmes bientôt développés par le gouvernement de Vichy.

Jean-Louis Issartel

La solidarité institutionnelle : les Offices d’Anciens Combattants et de Victimes de guerre

Avant le premier conflit mondial, l’État en France ne se préoccupe guère du sort de ceux qui ont combattu pour son service et souvent souffert dans leur chair. Ceux-ci doivent se contenter de distinctions et de quelques mesures d’assistance, comme l’institution des Invalides, ou de maigres pensions.
     Mais les pertes considérables des premiers mois de la Grande Guerre conduisent progressivement les Pouvoirs publics à prendre conscience de la nécessité d’accorder un traitement particulier et une juste reconnaissance à ceux qui ont défendu la Patrie, tout particulièrement les grands blessés. Début 1915, plus de 400 000 de nos combattants ont été tués laissant presque autant de veuves et d’orphelins. Un nombre encore plus important ont été victimes de blessures d’une gravité nouvelle en raison du développement des feux massifs d’artillerie. Cette situation de détresse physique et morale provoque rapidement dans le pays un élan considérable de solidarité et de multiples initiatives privées appelées alors « Œuvres de Guerre » puis publiques avec l’instauration des Offices Nationaux d’Anciens Combattants.
   De 1916 à 1939, l’article décrit l’évolution des Offices Nationaux d’Anciens Combattants et leur projection en Ardèche.

Général Bruno Chaix

Un foyer littéraire et artistique dans l’Ardèche de l’après-guerre : le Pigeonnier

Le Pigeonnier, Charles Forot, Saint-Félicien, ces trois noms étroitement associés ont encore une résonance auprès d’un public cultivé, en Ardèche et ailleurs. Pour les amateurs de beaux livres, les éditions du Pigeonnier ont gardé leur prestige et sont toujours recherchées auprès des bouquinistes et des libraires. Ce sont ces livres, qui continuent à circuler, qui expliquent que le nom du Pigeonnier n’est pas oublié. Pour l’historien, le Pigeonnier représente le mouvement littéraire et artistique le plus important qu’ait vu naître le département de l’Ardèche dans la première moitié du XXe siècle et correspond à un courant plus vaste ayant marqué l’histoire culturelle de la France de l’entre-deux-guerres, le régionalisme.

Dominique Dupraz

Les monuments consacrés aux poilus en Ardèche et leur usage

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Ardèche participe tout comme le reste de la France à la fièvre érective qui se répand sur tout le territoire national. On peut estimer le nombre de monuments aux morts en Ardèche à quelque neuf cents lieux de mémoire (incluant tous les types de plaques, stèles, croix, sculptures…) correspondant à des monuments communaux, paroissiaux ou corporatistes (École Normale de Privas, Entreprise de Verrerie à Labégude…). Cependant, l’Ardèche est rarement évoquée dans les synthèses nationales relatives aux monuments aux morts. N’aurait-elle donc aucun monument intéressant du point de vue historique et artistique ? La presse de l’époque, les débats soulevés dans les conseils municipaux, les rapports du préfet donnent une image contrastée et diverse de ce que furent les sentiments associés par les populations et les communes à l’érection des monuments aux morts et autres lieux de mémoire.

Dominique Prat

Le témoignage d’un soldat… une expérience pédagogique

Le témoignage du soldat Marius Chabrol (1891-1992), originaire de Valgorge, enregistré alors qu’il atteignait ses 90 ans, est un document exceptionnel, qui a été utilisé au début de chaque cours d’histoire sur la guerre de 1914-1918 pendant de très nombreuses années dans des lycées et collèges.
     En première ligne sur le plateau de Crouy en 1914, Marius Chabrol est envoyé dans les Vosges en 1915 puis dans la Somme où il est gravement blessé en octobre 1916.
    Grâce à ce témoignage, beaucoup de sujets ont été abordés : les phases et les lieux, les conditions de vie dans les tranchées, la fraternisation, les sacrifiés… Il a donné aussi l’envie à beaucoup d’élèves de prolonger l’approche vivante de l’histoire par un complément de recherche.

Françoise Devis

 La commémoration du 11 novembre

Les textes, documents et articles présentés dans ce dossier « 11 novembre » s’inscrivent dans quatre moments différents de l’histoire.
     Le 11 novembre 1920, le transport du corps du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe suscite dans les colonnes du journal syndical l’Emancipation un cri de révolte de l’institutrice Célina Blaizac-Phillibert contre toutes les commémorations qui accompagnent la fin des conflits et des massacres sans prévenir ceux à venir.
     Le 11 novembre 1942, l’Allemagne hitlérienne envahit la zone sud dont fait partie l’Ardèche. Pétain, le vainqueur de Verdun, s’enfonce dans l’allégeance au nazisme en interdisant toute commémoration. Fleurir les monuments aux morts le jour de la date anniversaire de l’armistice de 1918 devient acte de résistance.
     Le 11 novembre 1998, le dernier “poilu” de la commune de Vallon-Pont-d’Arc est décédé. L’adjointe au maire de la localité s’adresse aux jeunes générations en construisant un discours pédagogique fondé sur l’histoire et les lettres des soldats à leur famille.
     11 novembre 2004 : la fédération de la Libre Pensée de l’Ardèche, par la voix de son président Yvon Villetard, initie devant le monument “pacifiste” de Joyeuse une nouvelle façon de célébrer l’armistice de la Grande Guerre en demandant la reconnaissance officielle et le droit aux honneurs pour tous ceux qui ont refusé de porter les armes, pour les fusillés pour l’exemple, pour les militants de la paix et de la liberté de conscience.
    Françoise Stora présente dans quelles conditions une telle démarche a pu se réaliser. Démarche sans cesse renouvelée depuis.

Rose-Avril Bonnaud, Mireille Fleck, Françoise Stora

2009 : année de l’Astronomie, Honoré Flaugergues (1755-1830), un texte de Guillaume Bigourdan

L’année 2009 sera l’année de l’Astronomie. L’occasion pour les Ardéchois de se souvenir que l’un d’eux a marqué de ses recherches la discipline aux XVIIIe et XIXe siècles. Honoré Flaugergues fut très vite reconnu par la communauté scientifique et fit l’objet en 1865 d’un important article de Guillaume Bigoudan lui-même astronome et président de l’Académie des Sciences.

La bataille de Darbres en Ardèche, la reddition allemande et ses suites, courrier du prisonnier de guerre n°422318 sous-lieutenant Karl-August Kordes

La bataille de Darbres a laissé le souvenir d’un important épisode de la Seconde Guerre mondiale en Ardèche et de la Résistance. Après la reddition des Allemands à Chomérac, le sous-lieutenant Kordes est conduit à Vals-les-Bains. De là il écrira à sa famille sur les conditions d’une détention qui fut celle de bien des prisonniers des deux camps.