retour accueil

impression  Impression

 

Résumés des articles sur le thème « Élections législatives et présidentielles en Ardèche 1791-2007 » (cahier 94)

Sociétés populaires et élections dans la région du Rhône moyen, 1791 – an II

L’étude porte sur les interactions entre le vaste réseau de sociétés populaires particulièrement dense dans la région du Rhône moyen, autour de Bourg-Saint-Andéol, et les premières élections, de 1791 à l’an II. Aborder cette question revient à poser le problème de l’apprentissage de la citoyenneté à travers la diversité des pratiques et la mise en débat de la délégation du pouvoir. La découverte du politique se réalise dans le feu de l’action face à des enjeux considérables.

Jean-Louis Issartel

Les élections en Ardèche sous la Restauration (1821-1830) vues par le comte de Blou

Philippe Charles Hyacinthe, comte de Blou (1789-1848), a laissé des carnets de journal, tenus entre 1821 et 1848, très vivants, dans lesquels il nous a transmis son témoignage sur es élections ardéchoises pendant la Restauration. Après un rappel du système électoral censitaire de l’époque et de la composition sociologique du corps électoral, cinq épisodes électoraux, entre 1821 t 1830, sont relatés. L’Ardèche est marquée par la prépondérance des « royalistes » mais les « libéraux » parviennent à gagner les élections partielles de 1828 grâce à la désunion du camp adverse. Malgré un corps électoral restreint on assiste à la naissance d’une vie politique.

Dominique Dupraz, directeur des Archives départementales de l’Ardèche

Le Général Dautheville (1792-1875), élu protestant du Second Empire

Le Général François Dautheville est issu d’une lignée protestante du Centre Ardèche. Les droits civiques acquis à la Révolution lui permettent d’accéder aux grades supérieurs de l’armée. Il termine sa carrière militaire au moment où la IIe République accorde le suffrage universel. Elu une première fois en 1848 comme républicain modéré, il va se ranger du côté des bonapartistes. Il sera surtout le candidat officiel du Second Empire, en tant que député du Corps Législatif pour la circonscription de Privas et conseiller général du canton de Saint-Pierreville. Il est par ailleurs président du Conseil central des Eglises réformées de France. Son activité essentielle semble être l’ouverture de routes modernes : celle qui longe la vallée de l’Eyrieux et le nouveau tracé qui joint Chalencon à Privas. Les résultats des élections successives montrent la prise en mains par le peuple du suffrage universel.

Marc et Odette Autrand

Comportements électoraux des pays protestants en Ardèche pendant la V e République

Le vote à gauche des communes de tradition protestante en Ardèche est une donnée bien connue tout au cours de la IIIe République. Il s’est maintenu longtemps encore après la Deuxième Guerre mondiale en ayant alors une composante communiste forte et souvent dominante à gauche. Pendant les débuts de la Ve République, ces comportements se sont maintenus avec un différentiel qui a atteint jusqu’à 27% entre communes rurales protestantes et communes rurales non protestantes de la circonscription de Privas, Boutières, plateau de Vernoux en 1958. L’exode rural, le renouvellement des populations et plus récemment la rurbanisation des communes les plus proches de la vallée du Rhône ont progressivement réduit cette spécificité. Spécificité qui se maintient néanmoins autour d’un différentiel de 5 à 10% en faveur de la gauche en 2002 (et semble-t-il en 2007). Une autre spécificité aussi est apparue avec l’émergence du Front national : les communes rurales protestantes restent résistantes au vote Front national contrairement aux communes de montagne; seules, les communes plus proches de la vallée du Rhône touchées par la rurbanisation ne résistent pas plus au vote Front national qu’elles soient de tradition protestante ou non.

Didier Picheral

Les élections sous la IIIe République en Ardèche, quelques grandes évolutions

La lutte entre Républicains et Légitimistes commencée en 1871 s’est vite transformée en une lutte entre Gauche et Droite conservatrice avec une forte composante de lutte entre catholiques et laïques. Les quinze élections successives de la IIIe République se sont effectuées la plupart du temps au scrutin d’arrondissement, ce qui a souvent conduit à une très grande stabilité des députés notamment à droite où de grands notables ont maintenu leur emprise sur leur circonscriptions. En l’absence de candidat de droite surtout, mais parfois de gauche, les abstentions ont souvent été élevées. Sur l’ensemble de la période, les républicains ou la gauche ont obtenu entre 25 et 51% des voix des électeurs et ont devancé la droite en suffrage dans treize élections sur seize tandis que la droite a obtenu de 19 à 41% des voix, celle-ci étant souvent pénalisé parce qu’elle renonçait à présenter des candidats dans les circonscriptions de Privas et Aubenas. Paradoxalement, c’est la droite qui a eu le plus souvent une majorité de sièges dans onze élections sur seize surtout après 1902 où elle a été toujours majoritaire en monopolisant la représentation des circonscriptions d’Annonay, Tournon et Largentière, sauf en 1924, la gauche ayant alors bénéficié d’un scrutin de liste.

Didier Picheral

Les élections législatives du 13 mai 1849 : un scrutin de liste à un tour

A travers les élections du 13 mai 1849, au suffrage universel (masculin), c’est tout d’abord la manière dont les Ardéchois se mobilisent qui est étudiée. Mais c’est aussi l’impact que ces élections vont avoir durablement sur le paysage électoral ardéchois qui retient l’attention avec pour la première fois de façon nette une polarité droite – gauche que nous connaissons encore. Une polarité qui ne va pas sans polémiques internes à la droite comme à la gauche avec la formation de comités locaux ou de congrès. Mais la surprise viendra des urnes : des votes plébiscites en faveur du parti de l’Ordre ici, ou en faveur des candidats républicains démocrates dans le village voisin. Au total un résultat très équilibré en voix, avec une droite légèrement majoritaire en nombre de bulletins mais un avantage en sièges à la gauche. Une analyse plus fine montre l’influence d’une part des notables ou de tel pasteur protestant (Armand Nicati) dans le choix des électeurs pour la Montagne, d’autre part de l’Eglise catholique avec par exemple le Comité catholique de Viviers.

Mais également une élection qui inquiète les autorités : le suffrage universel est imprévisible ; on procèdera à des radiations sur les listes électorales aux motifs d’ancienneté insuffisante de la résidence ou de condamnations y compris pour effraction à la loi su les attroupements et les clubs et la rébellion envers les autorités.

(Avec les résultats des élections par candidat et par circonscription ; carte des résultats par commune.)

Éric Darrieux

-10 juillet 1940 : les parlementaires ardéchois et les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, deux parcours : Edouard Froment, Xavier Vallat

L’Histoire se nourrit de dates-repères. Celle du 10 juillet 1940 marque la mort, après une longue agonie, de la IIIe République. Cinq cent soixante-neuf parlementaires (sénateurs et députés) réunis en “Assemblée nationale” au Grand Théâtre de Vichy suspendent les lois constitutionnelles en vigueur depuis 1875 et, face à seulement quatre-vingts opposants, remettent les pleins pouvoirs à Pétain (vingt abstentions revendiquées). Quelle fut alors l’attitude des élus de l’Ardèche - trois sénateurs et cinq députés ; deux élus de gauche et six de droite - en cette période de choix difficiles ? Sans entrer dans les manœuvres de couloir, ni dans les querelles d’hommes ou de chapelles qui agitent alors tous les courants de pensée (les unes nourrissant les autres et réciproquement), nous résumerons d’abord les événements qui ont conduit au vote suicidaire du 10 juillet 40, retrouverons ceux qui représentaient alors l’Ardèche puis suivrons tout particulièrement deux d’entre eux : Edouard Froment qui vota « Non » et rejoignit ensuite De Gaulle à Alger ; Xavier Vallat qui fut un propagandiste du « Oui » et une figure marquante du régime de Vichy.

Concernant le premier, partant de Marie Durand, à qui il associe Marie Rivier, le colonel Ducros prolonge la tradition ardéchoise du “Résister” jusqu’au journaliste Rémy Roure et au député Edouard Froment pour en faire les “figures de proue de tout un monde anonyme qui prit le même chemin… dans la modestie, le courage, la générosité de cœur” et traversa les épreuves “sans complaisance pour les principes fondamentaux de leur vie”.

Sur le second, on comprends mieux pourquoi Xavier Vallat a suscité de son vivant des réactions aussi fortes dans l’estime que dans le rejet. D’une part : la sincérité, l’absence de vénalité, la fidélité constante à des choix proclamés. D’autre part : l’adhésion à des valeurs prônant le rejet, méprisant quiconque ne les partage pas, entraînant des conséquences dramatiques et révoltantes par une logique manichéenne qui ne tolère ni le doute, ni la remise en cause. Les qualités personnelles qu’on peut accorder à l’homme ne suffisent pas à effacer les lourdes responsabilités du politique dont le nom reste, dans la mémoire populaire, attaché au Commissariat des affaires juives et aux persécutions.

(Avec de nombreuses notes de Jean-Michel Boulle sur le contexte qui entoure ces événements et les personnages qui les animent.)

Maurice Boulle

L’itinéraire d’un notable de la IVe République : Paul Ribeyre

De la mairie de Vals-les-Bains, conquise au lendemain de la guerre avec l’appui des communistes contre les socialistes menés par Edouard Froment, aux différents ministères occupés sous des gouvernements de droite, Paul Ribeyre est l’exemple du notable de la IVe République. Avec lui et son itinéraire, c’est toute la “régime des partis” décrié par De Gaulle qui se présente à nous et ce, à travers la vie politique du département de l’Ardèche. Un département que Paul Ribeyre représentera longtemps à l’Assemblée nationale puis, en fin de carrière, à l’Assemblée régionale dont il sera le premier président.

Pierre Bonnaud

Itinéraire d’un homme politique ardéchois sous la Ve République

Jean Moulin, ancien maire d’Aubenas et de Thueyts, ancien vice-président de l’assemblée départementale, ancien député MRP, a accepté de confier quelques-uns de ses souvenirs à Guy Delubac. Souvenirs qui participent à la trame de la vie parlementaire sous la Ve République et dans laquelle le député de l’Ardèche fera souvent preuve d’une grande probité et de courage politique.

Guy Delubac

Les élections à la présidence de la République en Ardèche de 1965 à 2007

Élections législatives et députés ardéchois de 1946 à 2007

Deux dossiers établis à partir des résultats obtenus par les différents candidats à la présidence de la Ve République et par les différents candidats aux élections législatives en Ardèche sous la IVe et la Ve République. Deux analyses documentés sur l’évolution du vote ardéchois, plus précisément du vote ardéchois dans chacun des cantons. Permanence et évolution des comportements, différences de ces comportements selon qu’il s’agit d’une élection à la présidence de la République ou d’une élection législative dans laquelle la personnalité des candidats joue souvent un rôle déterminant par rapport à celui des partis qu’ils représentent. Egalement, rôle joué par le candidat du Front national ou par les candidats qui le représentent en Ardèche (voir également l’article en ligne de Michel Appourchaux sur ce sujet).

Concernant les élections à la présidence, nous dit Michel Appourchaux, “on peut conclure des résultats que, malgré les mouvements de population, malgré l’influence des moyens de communication modernes, télévision, Internet, le schéma électoral de l’Ardèche reste globalement stable, les électeurs de la partie nord-ouest du département qui confine à la Haute-Loire et à la Lozère portant leur choix prioritaire sur les candidats classés plus à droite que ne le font ceux de la partie sud-est voisins de la Drôme et du Gard. Il y a certes quelques exceptions à ce schéma général, dans certaines localités, en particulier la forte implantation “écologiste” dans certaines communes ayant connu, après 1968, l’arrivée de “néo-ruraux”, ou des restes de protestation huguenote dans certains villages des Boutières et à Vallon-Pont d’Arc. Mais ceci n’altère que peu le vieux schéma ardéchois toujours vivace, particulièrement pour l’élection du président de la République, qui, en même temps qu’une prise de position politique, est le choix d’une personnalité”.

Concernant les élections législatives, “on peut tirer des résultats de ces soixante années de compétition dans les élections des conclusions analogues à celles que nous avons pu tirer des élections à la présidence de la République. L’Ardèche reste dans le temps un département équilibré où le nombre des électeurs portant leurs suffrages sur les partis se réclamant de la gauche reste au cours des années légèrement inférieur à celui de ceux qui votent à droite. Ceci étant, les modes de scrutin utilisés, le découpage des circonscriptions peuvent parfois fausser cet équilibre en favorisant telle ou telle formation . Il n’y a certes pas de mode de scrutin parfait : le scrutin uninominal à deux tours, le plus fréquemment utilisé, est un amplificateur de l’opinion majoritaire, le scrutin proportionnel présente l’inconvénient d’être entièrement aux mains des partis politiques et d’empêcher les candidatures individuelles. Il ne pourrait d’ailleurs être significatif qu’utilisé sur un vaste territoire et ne représente aucun avantage de représentativité dans un département de faible population comme l’Ardèche – c’est d’ailleurs l’enseignement de l’élection législative de 1986 –. L’arrivée du Front national, surtout à l’élection présidentielle, a, sans doute provisoirement, faussé cet équilibre s’il ne l’a pas rompu. L’avenir nous dira si ce phénomène est pérenne. Le partage du département en deux zones, aux contours parfois variables, mais se distribuant toujours approximativement de part et d’autre d’une diagonale Nord-Est - Sud-Ouest, a intrigué les observateurs – en particulier André Siegfried – qui ont tenté certaines explications. (nature du sol, religion…). Aucune ne nous paraît convaincante. Les résultats des scrutins répartis par régions, et non plus par cantons montrent, en effet, de sensibles écarts d’une région à l’autre, sans que nous ayons une explication à proposer. Il faut enfin souligner que, surtout dans notre monde actuel où règne la communication télévisuelle, la personnalité des candidats l’emporte parfois sur la doctrine. Témoin en est la forte différence entre les résultats obtenus en Ardèche par le Front national dans les élections présidentielles et législatives. Les élections ne sont pas uniquement politiques”.

Les deux articles sont abondamment illustrés par des cartes montrant les différents résultats.

Michel Appourchaux