Au moment où les uns et les autres cherchent
leurs racines ou croisent dans leurs villages des touristes un
peu particuliers qui évoquent de lointains ancêtres ou portent
un nom à consonance
ardéchoise, il est intéressant de se pencher sur cette longue
liste de 2 500 à 3 000 huguenots vivarois poussés par
l’absolutisme royal hors de leur province, hors de France vers un
ailleurs européen avec quelques points en Amérique et en
Afrique. Il y a de cela un peu plus de trois cents ans. Ce n’étaient
ni des conquérants, ni des êtres poussés par la misère,
c’étaient des hommes et des femmes qui avaient préféré tout
quitter plutôt que renoncer à leurs convictions religieuses.
Tour à tour sont posées les questions qui
jalonnent leur exil : pourquoi partir ? qui est parti et d’où est-on
parti ? pour aller où ? comment ont-ils été accueillis ?
qu’ont-ils apporté aux pays du Refuge ?
Odette et Marc Autran
Après avoir cerné le concept particulier de l’émigré sous la Révolution, l’auteur s’attache à mesurer l’ampleur du phénomène en Ardèche, ses composantes, ses motivations, sa distribution spatiale. L’accueil, la vie quotidienne, le rôle des émigrés sont tour à tour abordés, ainsi qu’in fine la construction et l’évolution d’une image, celle de l’émigration sous la Révolution.
Jean-Louis Issartel
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon
Bonaparte révise par un coup d’État et à sa
façon la Constitution de la Seconde République. Cet événement
parisien a eu comme conséquence des prises d’armes dans une
vingtaine de départements dont l’Ardèche. L’armée
a rétabli l’ordre par des arrestations massives. Ainsi, en
Ardèche, plus d’un millier de personnes ont été inculpées
ou citées à comparaître.
Dans un premier temps, les personnes arrêtées
ont été jugées par des commissions militaires, nommées
le 26 décembre 1851, qui ont condamné la majorité des prévenus à la “transportation” à Cayenne.
Ses décisions ont été “tempérées”,
dans un deuxième temps, le 2 février 1852, avec l’instauration
des commissions mixtes réunissant les autorités administrative,
militaire et judiciaire. Dans un troisième temps, au mois d’avril
1852, un conseiller d’Etat, Quentin-Bauchart, est dépêché dans
la région à la demande de Louis-Napoléon Bonaparte pour
examiner les décisions prises et gracier certains prévenus.
On s’attache dans cet article aux proscrits
ardéchois, ceux qui ont été condamnés à des
peines d’expulsion du territoire français ou à des peines
de “transportation” en Algérie ou à Cayenne.
Éric Darrieux
Fuyant les dures conditions de vie locale, des Ardéchois sont partis à l’étranger entre 1880 et 1914 comme mineurs de charbon dans la région de Westland (Pennsylvanie) à l’est des Etats-Unis. Ils avaient tous commencé leur carrière dans les mines de Bessèges (Gard) ce qui peut laisser supposer une action de démarchage par les Etats-Unis ou un prêt de main d’œuvre transatlantique. Certains sont restés, d’autres sont revenus mais ils ont tous profondément marqué la mémoire locale sous le surnom d’ “Américains”. Nos recherches nous ont permis de retrouver des traces de tels départs à Dornas, Saint-Julien-Boutières, Mézilhac mais aussi Darbres, Jaujac, Vallon, Marcols-les-Eaux, Saint-Cirgues-en-Montagne, Saint-Genest-Lachamp, Saint-Pierreville…
Jean-Claude Saby
Jean François Jocteur, né à Toulaud (Ardèche)
en 1846, est fils de journalier agricole. Après son mariage à Soyons
en 1874, il ira s’établir à Bourges région d’origine
de sa femme. Il est alors employé aux Etablissements militaires.
En 1891, à 45 ans, craignant le chômage, J. F. Jocteur émigre
vers la Nouvelle-Calédonie avec sa famille. Le transport au départ
de Marseille est gratuit ; 25 hectares de terre leur sont attribués à l’arrivée.
À partir de janvier 1892, Il participe avec quelques
familles à la création du Centre de colonisation libre de Voh, à 300
km de Nouméa. L’expérience réussit.
L’ascension sociale se poursuivra à la génération
suivante avec le fils aîné, Marius, qui deviendra un notable et
dont le gymnase de Nouméa porte actuellement le nom.
Pierre Coulet et Isabelle Merle
Le centre d’Azazga qui intéresse particulièrement
la colonisation issue du Bas-Vivarais, fut créé le 1er octobre
1881 sur le petit plateau d’Il Matène en Grande Kabylie, dans
la partie orientale du département d’Alger. Le village de colonisation était établi
sur le territoire de la commune mixte du Haut Sébaou, elle-même
constituée par un décret du 25 août 1880.
On étudie dans cet article les conditions d’attribution
des concessions, l’installation à Azazga de nombreux Ardéchois
et les liens qu’ils gardèrent avec le Bas-Vivarais.
Pierre Gourinard
Par deux fois, au cours de deux vagues d’immigration, des agriculteurs du canton de Bourg-Saint-Andéol demandent à partir pour l’Algérie, dans les années 1850 puis, plus tard, après le décret du 30 septembre 1878 qui autorisait les concessions de terres. Parmi eux, des familles de Saint-Remèze mais aussi de Saint-Just. Certaines implantations réussirent, d’autres pas... L’association GAMT étudie aujourd’hui l’impact réel de cette émigration.
Alain Charmasson
Les frères Monneron, “de la sénéchaussée d’Annonay”, bien connus en France pendant les dernières années de l’Ancien Régime et de la Révolution, furent aussi très célèbres dans les comptoirs français de l’Inde au XVIIIe siècle. Ils participèrent activement à la vie politique et économique locale et furent très appréciés aussi bien par la population européenne des négociants que par les Tamouls de Pondichéry. Le présent article se propose de rappeler les références à leurs actions en Inde et dans l’océan Indien trouvées dans le journal tamoul de Vîrânaicker II.
M. Gobalakichenane
Félix Barbe est l’exemple de l’administrateur colonial qui, du Congo à la Cochinchine, remplit des missions diverses et, à l’occasion, rencontrera les explorateurs d’alors ou chefs d’expéditions parfois aléatoires. Des missions qui le plonge dans des civilisations lointaines, l’oblige parfois à s’éloigner de longs mois de sa famille.
Francis Barbe
À la suite de Marie Rivier, “femme apôtre” selon l’expression de Pie IX, les sœurs de la Présentation de Marie établies à Bourg-Saint-Andéol seront appelées à partir des années 1830 à exercer leur mission d’enseignantes au-delà des frontières, d’abord en Savoie, puis plus loin en Europe et au-delà des mers, au Québec. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat accélèrera le mouvement vers l’Angleterre, la Suisse, l’Espagne, l’Italie, le Canada, les Etats-Unis. Plus tard encore ce sera l’Afrique et l’Asie. Le mouvement se poursuit.
Geneviève Couriaud
Les îles Loyauté, proches de la Nouvelle
Calédonie, ont été évangélisées
dès 1841 par des missionnaires protestants anglais de façon
indépendante par rapport à leur gouvernement. Napoléon
III annexe en 1853 la Nouvelle Calédonie et ses dépendances.
Il veut ensuite franciser la mission protestante et les écoles
qu’elle a créées. Pour cela en janvier 1883, le ministre
de la Marine et des Colonies va écrire au Consistoire de Paris
pour demander l’envoi d’un pasteur “acceptant la
mission patriotique d’aller fortifier l’influence française
aux Iles Loyauté”.
Le pasteur Louis Cru se présente. Il est accepté par le Consistoire. Il est en poste dans la paroisse réformée
de Labatie d’Andaure, en Ardèche. Il part à Maré en automne 1878.
L’expérience va très vite se révéler très délicate et tourner à l’échec.
Cette situation est le résultat du choix trop hâtif d’un pasteur qui n’a pas la carrure pour œuvrer dans une situation si difficile.
Ce pasteur “parachuté” est mal accepté par les indigènes.
Les gouverneurs locaux ont la plupart du temps une attitude anti-protestante.
Pour eux le protestant, c’est l’Anglais. Et l’Anglais est l’ennemi.
Cet épisode montre une face trop souvent ignorée des relations
entre le spirituel et le temporel où la laïcité à Paris
n’est pas du tout celle qui est vécue dans une lointaine colonie.
Jacques Vernier
Pour les habitants de Tahiti, “Tepano” Jaussen est un homme historiquement important puisqu’ils ont souhaité donner son nom à la principale avenue de Papeete, celle où se trouve le gouvernement local. Les habitants sont capables de parler de lui. En Ardèche, cet enfant du pays est depuis longtemps tombé dans l’oubli. Florentin Jaussen est né aux Périers, commune de Rocles dans les Cévennes ardéchoises le 12 avril 1815 dans une famille profondément catholique. Il fait ses études à Mende et obtient son brevet d’instituteur. Cherchant sa voie, il semble tout d’abord s’orienter vers l’enseignement et est reçu bachelier ès-Lettres à Montpellier. Le diocèse de Périgueux manquant de prêtres, il entre au grand séminaire local et est ordonné en 1840. Il rejoint la congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (Pères de Picpus)…
Jean-Claude Saby
Le rêve canadien, ce fut celui de nombreuses familles, ce fut aussi celui de Victorine Cédat et d’Auguste Boutière. Partis avec leurs enfants, ils connurent les habitats précaires et les hivers rigoureux. Après quinze années de vie au Canada, ils revinrent en Ardèche. Pourtant, Henri, l’un de leurs enfants, marié à Raymonde Auzas, de Joyeuse, reprit l’exploitation de la ferme canadienne.
Sylvie Colleu