Béatrice Barras raconte l’histoire de la SCOP Ardelaine, dont
elle a été cofondatrice. Commencée en 1972, ce qui était, à l’origine,
une aventure un peu folle, est devenu un exemple de développement local à Saint-Pierreville,
petit chef-lieu de canton dans une vallée des Boutières vivant alors presque exclusivement
de l’agriculture et du moulinage, activités en crise. Béatrice Barras raconte
avec passion les trente ans de développement d’Ardelaine depuis l’acquisition
de la filature de Puausson jusqu’à la mise en place de l’extension du musée
de la laine et du mouton en passant par la création des différentes productions
et leur commercialisation.
Les difficultés du démarrage, la mobilisation des moyens financiers quasi
inexistants au départ, la construction de l’équipe de coopérateurs, la maîtrise
de la croissance et le respect des choix de « produire et fonctionner autrement »,
les relations avec le village, sont présentées au fil des années et l’on a
envie à chaque
page de savoir comment cette aventure va se poursuivre.
Mais ce livre va au-delà, il témoigne d’une expérience réussie
de création et de fonctionnement d’une entreprise de l’économie sociale et
solidaire respectueuse des hommes. Ardelaine a voulu fonctionner et travailler autrement, a su associer
chacun et, dans le même temps, a « économiquement » réussi
avec la création
de trente emplois durables.
On regrettera seulement que tout apparaisse trop beau, que ne soient pas évoqués
les inévitables tensions internes de la vie de tout collectif ; mais, c’est sans doute
trop demander à un acteur entièrement impliqué dans l’aventure.
Reste à pérenniser l’entreprise lorsque le temps sera venu, pour
les créateurs, de passer la main, question que Béatrice Barras n’élude pas ;
de même, elle reconnaît qu’Ardelaine n’a pas eu d’effets majeurs d’entraînement
sur le développement de la vallée de la Glueyre, où les emplois sont aujourd’hui
principalement liés aux maisons de retraite et au tourisme.
Au total, un petit livre très stimulant.
Didier Picheral, Mars 2004