On connaît les randonnées proposées chaque année par l’association
Patrimoine Huguenot, occasions de découvrir les paysages d’Ardèche témoins
de l’histoire du protestantisme en Vivarais.
L’association a pris l’heureuse initiative de coucher sur le papier les textes présentés
oralement lors de ces sorties. Les documents joints ajoutent encore à la connaissance des événements
qui, ici et là, au creux des chemins, dans les maisons fortes et les fermes, ont écrit
une page de l’histoire de notre département.
Le premier numéro de la série « Sorties et randonnées » reprend
les chemins parcourus en 2000 autour de Privas (Liviers, Le Vabre, Creysseilles), à Soyons -
Toulaud - Saint-Péray,
autour de Craux et Saint-Pierreville, à Intres et Beauvert, à Gluiras, aux Vans enfin.
Chaque article est accompagné d’une carte et, très abondamment, des documents d’archives
peu à peu mis à jour et collectés par les animateurs de Patrimoine Huguenot.
Un souhait : que cette série s’enrichisse très vite d’autres numéros
et constitue un élément de la mise en valeur du patrimoine ardéchois.
L’association Patrimoine huguenot a pris la (bonne) habitude de publier chaque année le compte-rendu de ses randonnées. Au-delà d’une simple présentation de chaque itinéraire parcouru, ce sont de véritables études qui sont conduites par les auteurs à partir des documents qui accompagnent l’histoire des paysages (re)-découverts.
Le premier numéro de la série Sorties et randonnées reprenait les chemins parcourus en 2000 autour de Privas (Liviers, Le Vabre, Creysseilles), à Soyons - Toulaud - Saint-Péray, autour de Craux et Saint-Pierreville, à Intres et Beauvert, à Gluiras, aux Vans enfin.
Le numéro 2 reprend les six journées organisées en 2001 avec : “Les environs de Privas” (R. Ribeyre, O. et M. Autrand), “Le soulèvement camisard de 1709” autour de La Bâtie-de-Crussol, Alboussière, Leyrisse (P. Coulet, D. Duquesnoy, O. et M. Autrand), “Albon et Marcols” (J. et D. Picheral, M. Autrand, C. Herbster) , “À Tournon-sur-Rhône” (J. Bernard), “L’assemblée du Creux de Veye” (J. et D. Picheral, O. et M. Autrand) et “Vagnas” (C. Eybalin, O. et M. Autrand).
Ce bulletin présente les itinéraires, commentaires et documents des sorties de l’été 2003
:- Une sortie à Alissas, Rochessauve, le Coiron et la redescente vers Privas en passant
par Chabanet a permis, à partir d’archives privées, d’évoquer
les premières églises dressées au XVIe siècle, maintenues malgré les
luttes religieuses jusqu’à la Révocation : c’est la vie de ces églises,
leur temple et sa cloche, le château de Rochessauve dont le seigneur reste fidèle à la
Réforme, fait exceptionnel en Vivarais. Les anciens tracés qui joignaient le
bassin de Privas à la région de Mirabel et Villeneuve-de-Berg, enjeu de luttes.
Au passage, Chabanet, où fut incarcéré Élie Reynier, ce “suspect
d’espérance”.
- Ensuite, Chalencon où fut présenté le mouvement de 1683, ultime protestation
voulue pacifique et terminée dans la violence avec l’arrestation d’Isaac Homel dont
le jugement devait être inscrit sur une pyramide élevée sur
la place principale. De là, on se dirige vers le château de Hautvillars, fief du château
de la Tourette, donc catholique, refuge des curés de Chalencon et Saint-Maurice, lieu d’enrôlements
et d’abjurations. Son propriétaire actuel le restaure avec soin et amour. Près
de Silhac, voici l’Orme, berceau d’une famille, les Glo de l’Orme, alliés
aux Mercure de Rochessauve, puis au pasteur du Désert Pierre Peirot, son fils et ses descendants,
les Chalamet engagés dans l’installation de la Troisième République et de
ses écoles.
- Les pentes de l’Eyrieux, autour de Saint-Maurice, après avoir suivi le mouvement des
Inspirés en 1689, organisent des assemblées : celle de la Noue surprise en 1703 entraîne
arrestations et maisons brûlées. À Saint-Maurice, les camisards avaient saccagé l’église
qui se maintient et ne sera abandonnée qu’au XIXe ; plus loin, vers Chautelôt et
Trouiller, les premiers pasteurs du Désert, Durand et Fauriel mettaient leurs registres clandestins
en sûreté. Au col d’Alliandre, lieu de passage, voici la mairie-école caractéristique,
la mairie est restaurée, l’école regroupée à Saint-Michel et la commune
essaie de trouver un nouveau souffle.
- Les églises réformées de Lamastre et Desaignes ont une vieille histoire : dressées
dès 1562, elles permettent l’évocation de ce que fut l’installation de la
Réforme avec Calvin et Martin Bucer d’une part, Catherine de Médicis et Michel
de l’Hôpital d’autre part. L’arrestation du pasteur Morel en 1739, la famille
de Boissy qui allait devenir Boissy d’Anglas, et vient le temps de la liberté et de la
participation des protestants à la vie politique, ainsi les Seignobos, le père, maire
et conseiller général dont le buste est élevé en face de la mairie, le
fils, Charles, éminent historien. Le temple de Lamastre élevé en 1864 montre la
prospérité de Lamastre à cette époque.
- La dernière sortie, organisée avec l’association Abraham Mazel, entraîne
vers les Cévennes et les camisards. C’est donc la maison du camisard Abraham Mazel, à Falguières,
près de Saint-Jean du Gard, et un parcours dans les vallées cévenoles avec Saint-Germain-de-Calberte
où fut enseveli le curé du Chaila, les sites parcourus par les camisards et les troupes
royales, et pour finir le plan de Fontmort évoquant l’Édit de tolérance
de 1788 par lequel les protestants retrouvaient un état-civil officiel.
Marc et Odette Autrand – Mars 2004