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Sylvette Béraud-Williams et Sylvie Crolard
ont uni leurs compétences pour façonner L’Arbre aux sept vies, un chef d’œuvre
sur la vie rurale traditionnelle, telle qu’elle existe encore aujourd’hui dans quelques
très rares écrins en marge de l’agriculture mécanisée ; c’est à la
ferme des Combeaux, dans la haute vallée de l’Eyrieux, que les deux auteurs sont
allées
en découvrir les moindres secrets auprès des frères Dejoux.
La méthode d’investigation, certes originale, aboutit à un vivant
tableau paysan, émouvant d’authenticité. L’ethnologue-écrivain et l’artiste-photographe
ont vécu, par des visites successives et régulières, les quatre saisons des travaux
champêtres et des activités de la ferme, auprès des fils de Philémon, tous
célibataires, propriétaires des Combeaux. L’approche est lente, patiente, respectueuse… Peu à peu
se créent des liens, s’ouvrent la maison, les cœurs et la mémoire. Sylvette
sait attendre le moment propice pour interroger et alors coule le flot du passé : la jeunesse
des paysans, la vie rude de leurs parents, ou les commentaires sur les travaux du jour, tout ceci relaté dans
le plus grand respect du langage vernaculaire. Sylvie, photographe, saisit et immortalise le regard confiant,
la technicité du geste, la beauté de l’outil, le bonheur simple du portrait.
Ainsi, nous pénétrons dans
le moindre détail des activités accomplies au rythme des gestes ancestraux : la
cueillette des châtaignes, la tuade du cochon, l’entretien des béalières,
la fenaison…
De la parfaite harmonie des textes et des photos naît un pouvoir évocateur
magique où l’on se surprend à sentir l’odeur de la chaudière fumante
ou le parfum des foins.
Nous avons apprécié cet ouvrage fort en poésie de la terre, qui
saisit sur le vif la vie paysanne dans ce havre paisible des Combeaux, loin de la course au profit et
des circuits de la mondialisation.
Victime de son succès, L’Arbre aux sept vies était épuisé dès
la fin de l’année 2000 ; il est à nouveau disponible dans une seconde édition à l’identique.
Mars 2001