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15 mars - "J'étais toute seule au Bronson, il fait tellement sec que les chèvres trouvent pas grand chose à manger, mais ça leur fait toujours prendre l'air. De là-haut, je regardais la plaine du Plot, entourée de ses montagnes bleues, qui abritent Vogüé tout au fond, je m'en lasse pas, d'ici on dirait que le village avec son château ferme la plaine, qu'il y a plus rien au-delà et pour moi, c'est bien comme ça. Tout ce que j'aime est là, entre Banne et Vogüé."
1879. Banne, hameau ardéchois à quelques pas de Vogüé. Sophie Cardinal, alors âgée de 30 ans, écrit dans le secret de ses veillées solitaires les premières lignes de son journal, confiant à ses cahiers les petites choses de son quotidien, mais aussi ce qu'elle ne veut dire à personne.
1914. La Grande Guerre tonne au loin. Les dernières lignes des cahiers s'attardent sur l'attente de l'annonce des prochains morts, ceux dont Sophie se refuse à écrire les noms.
Entre ces deux dates, Sophie raconte 35 années d'une vie paysanne des plus rudes, alors que les maladies se répandent sur le vignoble et les vers à soie, détruisant les meilleurs espoirs de revenus, alors que choléra et inondations anéantissent vies et biens... 35 années de bonheurs aussi, de joies simples, de veillées autour du tuage du cochon et des feux de la Saint-Jean, prétextes au récit d'anecdotes aux travers desquelles se lit la réalité de toute une époque charnière.
Avant tout roman d'une vie modeste, Les cahiers de Sophie renouvellent le genre, offrant ici un plaisir de lecture inégalé. Dans les Cahiers de Sophie, chacun trouvera ses racines.
Marie-José Volle
